
Photo JL.GORCE
Célèbre photographe d’art, Albert Monier naquit à Savignat, commune de Chanterelle (Cantal), le 3 mai 1915 dans une famille de paysans qui, comme la plupart de leurs compatriotes du Cézallier et de l’Artense, partaient à la mauvaise saison pour faire « marchands de toile ».
C’est en 1934, à 18 ans qu’il achète son premier appareil photo après avoir découvert les cartes postales Yvon. Il apprend la technique photographique de ses cousins, plus âgés, agriculteurs à Savignat. Il est plus intéressé par les paysages et les attitudes des « petites gens » que par le portrait.
S’il se passionne pour la photographie, il est attiré par l’automobile : il est fasciné par les exploits de son ami Philippe Etancelin, le coureur automobile.
En 1946, il réorganise et agrandit les magasins de meubles de Pont-Audemer, qu’il a créés, sinistrés pendant la guerre. Après avoir essuyé les critiques du journal Paris-Normandie au sujet des procédures d’embauche de ses ouvriers, quelques années plus tard, à la une du même journal, un article élogieux parle du « marchand de meuble de Pont-Audemer qui a révolutionné l’art de la carte postale. Exprimant le charme et la poésie de Paris, ses œuvres lui assurent une notoriété mondiale ».
En 1948, il quitte la France pour deux ans et va parcourir le Maroc avec ses appareils dont il tire de nombreux clichés sur la vie et la société marocaine.
En 1950, il regagne Paris et son Auvergne natale, pour se consacrer à l’art photographique et va séduire les foules grâce à l’évocation et à la poésie qui empreint ses clichés. Il développe ses clichés d’une manière empirique à Savignat. Il édite également ses photos en cartes postales, une innovation commerciale qu’il aura du mal au début à placer auprès des distributeurs
En mettant une légende à ses œuvres, il associe les mots aux images. Autre innovation majeure pour l’époque, il lance le grand format photographique 40×50 et le poster. Plus de 80 millions de ses photos et 10 000 posters ont été vendus dans le monde entier et font le bonheur des collectionneurs. Certaines de ses photos illustrent des ouvrages d’écrivains tels que Henri Pourrat – qui a préfacé un livre de photos sur Paris-, Marie-Aimée Méraville, Jean Anglade.
Classé comme un photographe « humaniste », Albert Monier est décédé le 21 décembre 1998 à Paris et repose en Normandie.
Une partie de son œuvre est exposée dans un espace qui lui est dédié à Condat (Cantal). Une association se consacre à la valorisation de son œuvre et à entretenir sa mémoire par diverses manifestations, expositions, conférences ou célébrations.
La période marocaine d’Albert Monier (1948-1950)
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Après huit années dans le commerce de meubles à Pont-Audemer qu’il a beaucoup développé, Albert Monier, la trentaine passée, délaisse sa première passion la course automobile, pour tenter l’aventure au Maroc. Elle sera décisive pour la suite de sa carrière. C’est un véritable séjour initiatique qui lui fait découvrir, en parcourant le Maroc, pays encore sous protectorat français, empreint des mœurs et d’une société traditionnels, sa vocation profonde : photographier le monde et les gens.
Car les photographes sont bien les témoins privilégiés de leur époque : ils captent avec leur « œil » des instants de vie et apportent une contribution essentielle à la mémoire de notre temps, laissant ainsi une trace pour les générations futures. Les reportages d’Albert Monier à travers le Maroc sont avec ses photos un témoignage personnel; ils constituent quasiment une étude ethnographique.
Albert Monier s’établit à Casablanca en 1948. Il ouvre dans le centre de la ville européenne un magasin de photos dont il confie la gestion à son épouse et « engage à son service un jeune couple ami qui les avait suivis depuis la Normandie ».[1] Désormais il se consacre entièrement à la photographie et parcourt le Maroc appareil au poing : un Superb de Voigtlander, un appareil Reflex le plus perfectionné à l’époque qui avait une grande facilité de manoeuvre et convenait à celui qui recherche une composition artistique. (conservé au Musée de la photographie Nicéphore Niepce à Chalons-sur-Saône). « Il put ainsi consacrer toute son énergie à la prise de vue, travaillant, pour la première fois, en professionnel. »[2]
Au bout de deux ans, il décide de rentrer en France estimant avoir acquis une technique photographique et une vraie démarche créative. Il revend le magasin de photo, mais la situation financière n’est pas brillante C’était en 1950 et Albert Monier a 35 ans quand il débarque à Paris avec un nouveau projet : « Par la carte postale, dévoiler au grand public un nouveau visage de Paris, lui révéler combien l’élément humain participe de sa poésie. »[3] Sa passion est devenue un métier.
Jean François SERRE
Président de l’Association Albert Monier
« Le Maroc, le pays de mes débuts (en professionnel) »
Au Maroc, à cette époque, les édifices « art déco » peuvent cotoyer l’architecture arabe traditionnelle Minarets, ruines romaines, caravanes, dromadaires attelés pour le labour, palmeraies, caravanes le long des remparts, quartiers de Casablanca, mais aussi petit peuple de l’Atlas ou de la médina, tout est saisi par Albert Monier : il ne photographie pas comme un documentariste, mais pose un regard humaniste sur ces femmes et sur ces hommes.
1, 2, 3 Au pays de Condat-en-Feniers écrit et édité par le Monastère M.D. Znaménié, 1996. Les pages consacrées à Albert Monier ont été « (…) réalisées avec sa collaboration ».

Quelques dates phare de sa carrière
1951 Edition de cartes « noir et blanc », bromure mat avec sa signature au bas de la carte
1953 Sortie de son album « PARIS »
1955 Reconnaissance des académiciens comme G. Duhamel, J. Paulhan et A. Billy et participation à la biennale de la photographie au Grand Palais
1957 Premier prix au concours du journal Franc-Tireur avec la carte : « L’écriture de la lumière »
1958 Edition de cartes « noir et blanc » sur l’Auvergne
1959 Sortie de l’album « Aux pays des grands Causses » en 5000 exemplaires
1960 Edition de cartes couleurs sur Paris
1962 Edition de cartes couleurs sur l’Auvergne – Un chiffre annuel de 2 millions de cartes est atteint
1963 Edition de posters – une première en France – Centenaire de la croix rouge : commande de 10 000 cartes de « La poignée de mains » avec en surimpression son emblème
1964 Edition de symboles avec 2 sujets sur la même carte
1965 Exposition à Radio City Station à New York
1967 A. Monier préside le 3ème concours du Centre national de la recherche scientifique – émission de 30 minutes à la Télévision
1968 Exposé aux journées internationales de Porquerolles
1969 Co-auteur (textes) d’une « Encyclopédie de la photographie »
1973 Conception d’objets pour illustrer un nouvel album et pour une exposition
1977 Emission d’une heure à Radio France international sur les origines de la carte postale et le charme de Paris qu’elle a permis de transmettre
1983 Exposition au musée d’Art et d’Archéologie d’Aurillac
1993 Emission de 20 minutes à FR3 « Albert Monier, Penseur d’images »
1998 21 décembre, dernier jour de l’automne, décès d’Albert Monier